Lorsque je discute avec vous, il y a au moins une chose qui est sûre, c’est que nous n’en pouvons plus de nos élus, des énarques, des bureaucrates, des eurocrates et autres terminaisons en « ates »…
Comment en sommes-nous arrivés là ? Alors que pour avoir eu l’occasion de rencontrer certains de nos élus et quasiment quelque soit leur origine politique, je peux affirmer sans flagornerie, que la plupart sont des gens honnêtes, qui croient en ce qu’ils font et qui voudraient vraiment pouvoir faire plus…
C’est vrai aborder ce problème de ras-le-bol par le biais des personnes ne mène à rien, si ce n'est aux débats stériles sur les perceptions, le plus souvent subjectives, que nous avons les uns et les autres sur nos candidats, … présidentielle 2007 oblige…
Maintenant, si vous voulez bien me suivre, je souhaite vous apporter d’autres éclairages sur le malaise que nous ressentons tous… ou presque. En fait, j’espère arriver à vous faire un condensé des raisons qui m’ont conduit à mes propositions ; notamment celles concernant les modifications institutionnelles et constitutionnelles.
Premier mensonge par omission
Il y a dans l’histoire, des hommes et des femmes qui ont profondément changé leur pays et le cours des choses.
Si on ne prend que la France, et bien que nous puissions ne pas être d’accord sur ce qu’ils nous ont légué, on peut citer (liste non exhaustive pour notre seul dernier siècle) : Clemenceau, Jaurès, Léon Blum, Robert Schumann, Jean Monnet, Pierre Mendès France, De Gaulle, Michel Debré, Simone Veil, Mitterrand, Bérégovoy, …
Mais n’est-ce pas étonnant que nous persistions à penser comme si ces personnages avaient fait les choses par eux-mêmes et en ne retenant que les noms des présidents, alors que ceux-ci s’étaient entourés de personnalités, sans lesquelles rien n'aurait été possible ? C’est, d’ailleurs, pour ça que j’ai glissé d’autres noms en douce… pour que vous puissiez évaluer l'écart qui existe entre ce que voudrait nous faire croire l'histoire et ce qui s'est vraiment passé, ou autrement dit : qui sont les vrais géniteurs des changements ?
Pour ne reprendre qu’un seul exemple que je peux citer de mémoire, qu’aurait été un Mitterrand sans Quillot, Badinter, Martine Aubry (jusqu’en 92, parce qu’après c’est une autre histoire), Bérégovoy, Neiertz, Auroux, et même un Rocard (pour le bain de sang qu'il a empêché en Nouvelle-Calédonie), … et tous leurs collaborateurs anonymes qui ont permis à ces gens de travailler pour le bien de tous.
Bref, pourquoi attribuer à Mitterrand les réformes qui ont marqué ses mandats, alors qu’un de ses problèmes a, justement, toujours été de trouver les "bons ministres"… et que rien n'aurait pu être fait sans eux ; à ce propos, est-il besoin de rappeler la catastrophe économique qu'a engendrée le premier gouvernement Mauroy, qui s'obstinait à faire de la relance keynésienne dans un climat général européen et mondial de récession…
Alors "hommes providentiels" ou "personnalités" qui savent s'entourer des compétences nécessaires à réaliser de grands projets ? Pour qui et pour quoi votons-nous vraiment quand nous choisissons un président ? Pour un programme ? Une politique ? Une idéologie ? Certainement pas, car je défis quiconque de trouver dans ces fameux "programmes" présidentiels, les mesures et les lois susceptibles de nous dire comment, les déclarations d'intentions vont se transformer en actes…
C'est tellement vrai que vous aurez remarqué que le travail d'évaluation du financement des mesures proposées est, aujourd'hui, fait par des groupes externes aux partis politiques, notamment http://www.debat2007.fr/ … C'est quand même un comble que ce soient des citoyens qui doivent chiffrer et demander aux candidats comment ils vont tenir leurs promesses ; car, rien n'est prévu dans les propositions présentées pour expliquer comment elles vont être financées…
Mais au fond, qui peut être contre plus d'éducation et de prévention ? Qui peut être contre rétablir un "ordre républicain" dans les banlieues ? Après, on peut toujours discuter pour savoir s'il faut plus de répression ou d'éducation, mais vous croyez vraiment que c'est de ce genre de discussion que surgissent les solutions, alors qu'aucun ne nous dit, par exemple, comment il va donner du boulot à toutes ces populations dans le désespoir de se sentir inutiles…
Ces "débats d'idées" réducteurs n'ont pas de sens… Qui de la gauche à la droite et même en passant par les extrêmes, ne souhaite pas pour la France le meilleur ?
C'est donc bien sur les moyens que se posent les vraies questions et c'est bien là-dessus que nos politiques ne nous répondent jamais, en préférant faire de la surenchère sur les thématiques que leurs conseillers en communication auront évaluées, comme étant les plus prometteuses en termes de voix.
C'est, lorsque l'on rentre dans le détail des propositions que se révèle la vraie nature des supercheries… Comment avec une dette et des prélèvements, qui n'autorisent aucune marge de manœuvre, peut-on espérer financer 30 à 40 Md€ supplémentaires de mesures, sans que personne ne nous dise comment, il va faire pour produire ces ressources supplémentaires, sans les prendre toujours aux mêmes… et n'en déplaise à mes amis de gauche, ce n'est pas dans la poche des "riches" que nous les trouverons !!! Sauf à s'illusionner encore, que dans notre système ouvert, les "vraiment riches" sont saisissables… ce qui, une fois pour toutes, devrait être supprimé du débat, parole de fiscaliste…
Notre système démocratique présidentiel est bien devenu une incitation permanente à la démagogie et au mensonge, comme s'il suffisait de faire des incantations au changement en promettant tout et n'importe quoi, pour se faire élire… À force de nous faire berner, il me paraît normal que nous ressentions au moins comme une sorte de dégoût… qui suffirait à lui seul à expliquer pourquoi les extrêmes ont tant la cote… Notre système politique n'est plus fondé sur la réalité des possibles, mais sur une surenchère démagogique permanente.
Non accessoirement, que penser de personnages qui toute leur vie n'auront agi que pour devenir Président(e) un jour ? Personnellement, je trouve ça plus que suspect et c'est déjà un problème en soi, mais vous n'êtes pas obligés de partager cette vision de psy…
Enfin, discuter pour savoir qui sera président est une perte de temps et d'énergie sans nom, car, c'est oublier un peu vite qu'un président ne peut pas faire la politique qu'il a promise sans avoir une Assemblée nationale qui lui soit majoritairement acquise….
Aussi, personnellement, tout ce cirque autour des personnes me fatigue au plus haut point et il a engendré tant d'autres perversions (que je ne vous ferais pas l’affront de vous rappeler) qu’il est vraiment temps d’en finir avec cet anachronisme de notre démocratie.
Premier constat : le système présidentiel est indissociable, de l'infantilisation, du mensonge et de la démagogie, c'est une insulte permanente à l'intelligence et à la démocratie ; et à force d'être pris pour des cons, les cons se rebellent ou, pire, ils rentrent eux-mêmes dans des logiques d'illusions pour donner leurs voix aux plus démagos et à ceux qui mentent le mieux…
Deuxième mensonge par omission
Il est étonnant de constater que même les démocraties les plus exemplaires (je pense aux Nordiques) se disent en crise… démocraties tellement vertueuses, qu’il aurait été impossible qu’un Chirac y soit élu. C'est intéressant et paradoxal, alors que leurs systèmes sont des modèles de moralité politique (La Finlande et l'Islande occupent les 2 premières places du podium des pays les moins corrompus), qu’ils se disent eux-mêmes en difficultés, mais pour d’autres raisons que les nôtres…cependant, qu'à ma connaissance, les contours de ce malaise semblent encore assez indéterminés.
À mon sens, c’est parce que la « construction européenne » (entre guillemets, car pour moi ce qui a été fait jusqu’à présent est plus une « déconstruction des responsabilités ») et la « mondialisation » ont tellement brouillé les cartes que plus personne ne s’y retrouve, même pas les démocraties nordiques…
Le problème de fond, c’est qu’actuellement nos systèmes voudraient nous faire croire que l’on peut encore, décider de nos avenirs, alors qu’aucun politique (sauf ceux qui pensent que la solution est de se re-barricader dernières nos frontières) n’ose nous dire clairement qu’avec nos engagements européens actuels, ceux que nous avons signés au niveau de l’OMC, de l’ONU ou encore de l’OIT, les « vrais centres de décisions » (ceux qui permettraient vraiment de changer la vie des Français) nous échappent totalement, à nous … et, malheureusement, tout aussi également à nos élus…
Oui, tout le monde sait, sent ou pressent ça, sans forcément se le dire clairement, et c’est une donnée essentielle de la crise politique et démocratique française et européenne, et du rejet massif (conscient ou inconscient, formulé pour de bonnes ou de mauvaises raisons) de « tous ces menteurs par omission »… et une justification facile, pour tous les isolationnistes qui voudraient repasser au franc, sans mesurer que, nous cesserions, dans l'instant, de pouvoir nous vêtir, nous équiper en biens ménagers, de vendre nos produits de haute technologie à l'étranger, … et qu'en gros, il ne nous resterait plus que la bouffe pour survivre, et encore…
Donc, il ne s'agit pas de revenir sur ce qui permet une compétition des centres de production mondiaux, mais de réintroduire un peu de bon sens, de réciprocité et d'équité dans le système d'échange mondial pour que la sortie de misère des pays en développement ne continue pas à transférer inexorablement de l'appauvrissement et des dettes chez nous…
Qu'attendons-nous pour retourner négocier toutes ces entraves qui nous empêchent de faire les choix de sortie de crise économique ? Que la Chine, qui peut déjà nous mettre à genou financièrement, se soit suffisamment développée, en nous ayant pompé, au passage, toute notre avance technologique, pour que nous ne soyons plus pour elle qu'un petit client de province à la solvabilité douteuse ? Que nous nous retrouvions avec 6 millions de chômeurs ?
Il faudra bien qu'un jour nos élus nous avouent que toutes les réformes de fond que nous serions tentés de faire dans notre pays, pour relocaliser la production et créer des richesses, nécessiteront la dénonciation ou/et la renégociation de ce que nous avons signé depuis 20 ans, sans omettre de nous dire que cela aura des conséquences sur notre façon de vivre et sur notre pouvoir d'achat ; du moins dans un premier temps…
Mais, si c'est le prix à payer pour que nous remettions au travail 4 millions de personnes, pour sortir de la rue notre million de SDF, pour rééquilibrer nos finances publiques, pour dégager de nouvelles ressources pour des politiques sociales, d'éducation, de solidarité, de santé, de sécurité et de justice efficaces, qui peut raisonnablement être contre ?
Il faudra bien que les Français et les Européens choisissent, un jour, et de préférence avant qu'il ne soit trop tard : est-ce qu'ils préfèrent pouvoir continuer à acheter un bel écran plasma, de moins en moins cher, ou résoudre nos problèmes économiques et de déchéance sociale ? Un peu moins de jeux, mais assurément un peu plus de pain, sans abandonner personne à sa misère, ne pourrait-il pas constituer un programme réalisable ? Mais, il faut croire que jamais nos politiques n'auront le courage de penser qu'ils arriveront à se faire élire avec un tel programme, car aucun n'ose nous dire que seules les solutions demandant des "sacrifices" temporaires, permettront une sortie de crise.
Malheureusement, je ne le sais que trop bien ; au moins une bonne moitié de mes propositions est inapplicable en l'état de nos accords européens et internationaux… et si vous vous penchez sur les mesures économiques vous verrez que je ne vous mens pas sur le fait que vous payerez plus cher, de 20 à 40 %, certains produits ; du moins le temps que les industriels s'aperçoivent qu'il est redevenu rentable de produire en Europe…
Deuxième constat : un programme politique qui ne nous dit pas comment il va aller à la bagarre européenne et internationale, pour se donner les marges de manœuvres économiques, dont il a besoin pour s'appliquer, est un mensonge en soi. Un programme qui ne vous promet que le meilleur, sans vous dire que vous aurez des sacrifices et des choix à faire, est tout autant un leurre.
Troisième mensonge par omission
Malheureusement, nos problèmes ne sont pas seulement liés aux accords que nous avons passés depuis 20 ans, une bonne partie provient, tout aussi également, de la façon dont est organisée notre représentation démocratique.
Depuis toujours (je suis obligé de suivre l'actualité juridique quotidiennement), je suis effaré par le nombre de "bonnes réformes" qui n'ont jamais pu aboutir dans notre pays. Pour ne reprendre qu’un seul exemple qui me chagrine tout particulièrement, tant la liste exhaustive pourrait, à elle seule, constituer plusieurs bouquins : la professionnalisation des tribunaux de commerce, voulue par Guigou et espérée par tous les professionnels de l’entreprise depuis 20 ans, qui aurait pu mettre fin à toutes les petites et grandes magouilles, à tous les dénis de justice, est passée à la trappe, dans une indifférence quasi générale… sans que cela n’ait ému personne… comme s’il était normal, qu’une ministre doive plier devant une corporation, qui, de plus, a largement démontré son incompétence et sa corruption, en sacrifiant, au passage, les intérêts du plus grand nombre et ce pour quoi elle avait été élue…
Le Sénat, ce contre-pouvoir permanent peuplé de réactionnaires et de conservateurs, a, dans la longue liste des réformes qu'il a bloquées, fait échouer au moins 2 innovations de taille (en 1982) qui auraient vraiment changer des choses dans ce pays : la loi Quillot sur le droit au logement (qui, dans sa forme initiale, aurait probablement permis que nous n'en soyons pas à 1 million de SDF), les lois Auroux sur la participation et la cogestion des salariés (qui, toujours dans leur forme initiale, auraient probablement apporté une vraie révolution des comportements des salariés, par leur implication et leur responsabilisation dans la gestion des entreprises). Rappelons, également, que c'est Mitterrand, à l'époque qui n'a pas voulu aller à la bagarre… et depuis, plus personne n'a retenté de remettre à l'ordre du jour ces réformes, qui nécessitaient des corrections constitutionnelles pour être applicables…
Tout se passe comme s'il était devenu impossible de modifier profondément les systèmes institutionnels, sans mettre en branle des contre-pouvoirs, le plus souvent occultes et nuisibles, qui ne défendent que des intérêts particuliers ou partisans, en empêchant toutes les réformes de fond… Il n'y a qu'à voir comment l'éléphant Outreau a accouché d'une souris, constituée de réformettes qui ne permettront, même pas de sanctionner un juge incompétent ou qui s'est rendu coupable d'abus de pouvoir, pour se rendre compte qu'il y a vraiment quelque chose qui ne tourne plus rond dans notre système de décisions et dans la hiérarchie des pouvoirs… et non accessoirement, qu'on nous prend vraiment pour des imbéciles.
Les rôles sont inversés, ce sont les institutions qui décident seules de ce qu'elles vont appliquer ou pas, en oubliant au passage, qu'elles sont au service des Français et pas l'inverse. C'est de la forfaiture et ça ne choque personne que des groupes s'autorisent à imposer leurs lois en balayant d'un revers de main les majorités démocratiques.
Enfin, quand je dis "majorité", je sais bien que je dis une contrevérité… Une majorité dans l'hémicycle qui représente au mieux 30 % des Français n'est pas à proprement parler une majorité… sa légitimité et sa représentativité sont pour le moins entachées de quelques faiblesses, dont savent très bien user et abuser tous ceux qui ne veulent surtout pas que quoi que ce soit change…
Historiquement, c'est à De Gaulle que nous devons ce système bloqué. Cela a commencé après la guerre, pour éviter un bain de sang et devant l'urgence de la reconstruction, il a acheté la paix sociale en redistribuant aux différentes corporations ou partis (essentiellement les cocos), des pouvoirs que nous n'avons plus jamais réussi à remettre en cause. Nous avons abandonné tellement de prérogatives (sécurité sociale, retraite, justice d'élus, greffe, officiers ministériels, etc.), qui dans une démocratie devraient revenir de droit au Parlement, qu'aujourd'hui, il est devenu impossible de changer quoi que ce soit, sans que des systèmes de blocage se mettent en route.
Puis en 58, par peur de perpétuer une France ingouvernable, il a créé le système présidentiel, notre système majoritaire et il a maintenu le Sénat pour se doter d'une stabilité qui a toujours été à droite depuis sa création, il a ainsi réussi à éloigner durablement des centres de décisions tous ceux qui étaient considérés comme "ingérables et irresponsables", en continuant à leur affecter par ailleurs des petits royaumes ; résultat paradoxal : la France est réellement devenu ingouvernable…
Alors aujourd'hui, nos élus nous abreuvent de leur "dernière" découverte à la mode : la démocratie participative… qui fait doucement rigoler tous ceux qui l'ont réellement expérimentée (Cf : D - A propos de la Démocratie Participative... ). Nous sommes tombés bien bas pour penser que le gouffre qui sépare les élus des citoyens pourrait être comblé par cette nouvelle forme de démagogie, sans jamais remettre en cause les raisons qui nous ont conduits à cet abîme.
Il faut réinventer un système démocratique qui redonne de vrais pouvoirs étendus à nos représentants, une vraie légitimité, une vraie représentativité, … pour leur permettre d’aller à la bagarre française, européenne et internationale avec notre plein soutien… Mais également, aggraver notre pouvoir de sanction sur eux s’ils ne tiennent pas leur programme et démocratiser les centres de décisions français, en facilitant leur accès à tous…
C’est, entre autres, tout le sens que j’ai voulu développer dans mes propositions institutionnelles.
Troisième constat : un programme politique qui se contenterait de réformes à la marge pour améliorer notre système démocratique, nous ment sur sa capacité à régler les problèmes à la source. Un politique qui ne nous dit pas comment il va organiser qui fait quoi, comment, quand et avec quels pouvoirs, doit retourner dans une école de management pour apprendre ce que veut dire les mots efficacité, hiérarchie, sens des priorités et répartition des fonctions.
La perte du contrôle des centres décisions : la porte ouverte au désespoir
J'imagine sans peine qu'un certain nombre d'entre vous pourront me reprocher d'avoir un point de vue issu essentiellement des "théories de l'entreprise"… Je leur accorde sans conteste et je suis bien d'accord pour dire qu'il y a bien d'autres facteurs en jeu.
Néanmoins, observez bien ce qui rend dingue, la plupart d'entre nous, quand nous sommes confrontés à une difficulté sociale (et même personnelle).
Quoi de plus terrible que ces vies qui sont bouleversées ou détruites, uniquement parce qu'un fond de pension, domicilié à l'autre bout de la terre, aura décidé d'augmenter ses revenus de 2 points en détruisant des emplois ou en les exportant dans un autre pays… Quoi de plus rageant et désespérant que de voir sa vie bouleversée, sans avoir aucune prise sur les raisons et les responsables de ces changements, auxquels nous devrons nous adapter sous peine de renoncer à tout. À qui s'adresser pour faire entendre sa voix et sa douleur ? Au patronat ? Aux politiques ? Alors qu'eux-mêmes subissent des logiques sur lesquelles ils n'ont aucune prise, qui les dépassent et qu'ils sont obligés de faire subir à d'autres pour préserver leur propre place…
C'est ça qui est le plus terrible dans ces mutations qui ont déplacé et démultiplié les "centres de décisions", même ceux que nous pourrions tenir pour responsables des malheurs subis par certains, sont pieds et mains liés par l'histoire qui les a conduits à leur impuissance à agir.
J'ai encore l'image d'un Jospin visitant une usine promise à la délocalisation… dont, il n'est pas sorti grandi, parce qu'il a été incapable de trouver des mots de vérités… Pour toute réponse, il a fait savoir que le gouvernement ne pouvait pas intervenir dans des affaires privées… Quel terrible aveu… Si un gouvernement n'est pas capable d'arrêter la casse des emplois qui pourra le faire ? Si pour toute réponse, les gouvernements nous proposent d'investir les "emplois de service" ou de partager le travail disponible avec les chômeurs (SIC) ou encore de subventionner des emplois pour qu'ils ne disparaissent pas, est-ce que c'est vraiment ça qui va recréer des dynamiques créatrices de richesses ? C'est du traitement social à la petite semaine et à la marge… qui évite soigneusement d'aller au combat sur les sujets que nous serons bien obligés d'affronter un jour.
Nos gouvernements ne pourront pas toujours nous dire que c'est la faute des autres et du contexte européen ou international.
De même, nos élus locaux ne pourront pas toujours nous dire que pour décider de mettre un simple abribus dans une rue, ils ont besoin de l'accord du conseil municipal, du département, du Préfet, de la DDE, de la Région, du Ministre, du conseil de l'Europe (pour vérifier qu'il correspond aux standards définis)… et qu'ils vont le faire fabriquer en Hongrie parce que ça coûte moins cher… alors que la chaîne de décision a déjà coûté dix fois le prix de l'abribus…
Il y a un colossal travail à faire pour remettre à plat toutes nos organisations et pour ré-identifier la hiérarchie des centres de décisions. En l'absence de cette volonté, je resterai un indécrottable pessimiste sur les chances de nos présidentiables à nous sortir de la crise profonde, à tous les niveaux, dans laquelle nous nous installons pour durer… jusqu'au prochain chaos…
Pour finir, fondamentalement, j’adhère à la formule de Churchill « la démocratie est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres ». Ce n'est pas un hasard que ce langage de vérité ait été tenu par le même homme qui, en guise de discours d'investiture, a eu le courage de promettre "du sang, … et des larmes" pour tout programme, à ceux qui venaient de l'élire.
Même si nous ne vivons qu’une réalité très imparfaite et très éloignée d’un idéal démocratique, ce système porte, néanmoins, en germe, tout ce qui constitue les espérances de notre humanité :
- - des humains libres de choisir leurs représentants,
- - des humains libres de se tromper,
- - des humains libres de collaborer,
- - des humains auxquels on demande de faire des choix d’adulte, même si leur âge mental, leur éducation ou leur culture (ou autres), les rend manipulables,
- - des humains en lesquels, on a suffisamment confiance pour croire qu’ils sauront prendre leurs responsabilités et choisir ce qui est le meilleur pour eux…
Au risque de déplaire à ceux qui pensent que la stabilité et la continuité sont plus importantes que tout, nous devons, encore et encore, retravailler nos systèmes démocratiques…
Un parti, quel qu'il soit, qui n'aurait pas dans ses propositions de vision, pour faire avancer nos institutions et celles de l'Europe, en passant par un ou plusieurs référendums, n'aura plus jamais ma voix.
C'est uniquement par ce travail continu sur nos structures démocratiques qu'on peut espérer qu'un jour, chacun devienne responsable de sa vie, sans plus dépendre d’un pouvoir quel qu’il soit…
Bizarrement, et pour des raisons que j'ignore, les propositions de réformes institutionnelles que je propose, sont celles qui semblent susciter le moins d'intérêt parmi mes lecteurs. J'attends que vous veniez m'expliquer ce qui rebute ou ce qui se comprend difficilement. Devant l'urgence de réformer notre système démocratique, j'espère que vous me donnerez vos avis et commentaires bientôt.