Il y a des signes dans cette société qui me soucient bien plus que la mascarade politique permanente à laquelle nous assistons depuis tant d’années sur tous les sujets :
- sans que jamais les problèmes ne soient traités au fond, notamment celui du chômage, de la misère (sous toutes ses formes), de l’éducation (notamment des populations émigrées) ou des banlieues ;
- sans qu’aucun politique ne prenne la mesure du changement profond de paradigme que la mondialisation (entre autres) a créé ; cela devrait les empêcher de réfléchir aux problèmes avec les idéologies du passé, mais non, aussi bien à gauche qu’à droite, ils continuent, encore et encore, à nous resservir leurs vieilles lunes ;
- sans que jamais personne ne se demande, si ce ne sont pas nos systèmes démocratiques et paritaires, tous deux oligarchiques, qui sont la cause de tous nos maux…
Un évènement, anecdotique et singulier (mais pas tant que ça, puisqu’un peu partout, ça se « frictionne » entre « communautés »), s’est déroulé tout près de chez moi Porte de Montreuil.
Le 10 mai 2010, 300 commerçants et riverains ont manifesté pour que soit mis fin, par la police, au marché parallèle de la misère qui s’est installé autour du Marché aux Puces de la Porte de Montreuil.
J’ai été estomaqué par cette information qui, le temps de la stupéfaction passée, a fait monter en moi une terrible colère, d’autant plus que la Maire socialiste du 20ième est solidaire (!!!) de cet appel à la police pour résoudre le problème (à l’exception du dernier manifestant interviewé, le reportage est consternant de bêtises exprimées et assumées).
Je n’ai pas de mots pour qualifier une telle saloperie… C’est bien évident, c’est en faisant la chasse à ces gens (comme à Rosarno en Italie), en les matraquant, en les raflant, en les cachant, en leur mettant des amendes et pourquoi pas en taule ou dans des camps, que nous mettrons fin à cette misère, devenue trop visible, gênante et envahissante, qui concerne des personnes, qui survivent plutôt mal que bien, en revendant tout et n’importe quoi, et même des denrées alimentaires périmées ou pour bébé, que j’ai vues acheter par d’autres miséreux ! Comme si, ce foutoir de poubelles constituait une réelle « concurrence déloyale » pour les commerçants… Je rêve, … mais non, je ne rêve pas, ça se passe à 1 km de chez moi…
Quand une société dite civilisée en est là, à n’avoir pour seule réponse face à la misère (oui, pas des délinquants, des miséreux), que de réclamer et d’envoyer la police, c’est vraiment que l’individualisme atteint des sommets d’inhumanité monstrueuse et que le politique n’a plus aucune réponse à apporter, à part de se réfugier dans l’éternelle alliance du « sabre et des capitaux » et la désignation de boucs émissaires.
Et en plus, c’est une élue PS, placée là par Delanoë, qui estime que la réponse répressive face à la misère est correcte. Lisez ses arguments, ils sont déjà affligeants en soi, mais quand on pense aux milliards dépensés (6 Md€ déjà), juste pour emmerder les automobilistes (sans aucun gain de qualité de vie pour les Parisiens et en sacrifiant ceux qui y travaillent), j’ai juste envie (pour rester soft) de la renvoyer chez elle, sans indemnités et sans retraite d’élue. Il n’y pas de hasard à ce que je l’aie combattue au moment des élections municipales, elle démontre, jour après jour, son usurpation initiale ; mais, il y en a tant d’autres comme elle, à commencer par son chef...
On me fait parfois le reproche d’un certain populisme, mais vraiment nos politiques et nos élites n’ont pas besoin de ma soi-disant mauvaise foi pour se disqualifier eux-mêmes… et les citoyens non plus, abreuvés et étouffés de conneries médiatiques, il semble « logique » qu’ils deviennent toujours plus cons !
Cet individualisme forcené, cette intolérance, cette absence de la moindre humanité, qui plus est de la part de catégories socio-professionnelles qui se situent à peine au-dessus des vrais pauvres, ça, oui, cela fait partie des « signes » qui me font hurler…
Les forces réactionnaires, celles qui s’opposent à tout changement, sans distinction d’origine politique, se marrent et jouent sur du velours. Elles ont réussi à instiller à tous et dans toutes les couches de la société, ce sentiment « qu’il est plus important que tout de préserver ce qu’on a déjà » et ça fonctionne à merveille et à tous les niveaux.
À droite comme à gauche, personne ne se rend compte qu’au final, c’est Le Pen et sa monstrueuse idéologie, qui sont en train de gagner la guerre des idées :
- celle du maintien des acquis, envers et contre tout,
- celle de considérer le monde comme une jungle où les plus forts ont plus de droits que les autres, selon une hiérarchie pyramidale où chacun a juste le privilège exclusif de pouvoir taper sur celui qui est en dessous de lui,
- celle où on ne fait pas qu’abandonner à leur sort ceux qui ont le plus besoin d’être aidé, on ne veut, « tout simplement », plus les voir parmi nous et pour ça on est près à les renvoyer chez eux ou à leur envoyer la police, pour ceux qui sont français,
- celle où il suffirait de supprimer, par tous moyens, les boucs émissaires désignés, pour que tous les problèmes disparaissent,
- celle d’une démission et d’une réponse répressive, devant des problèmes qui mériteraient au contraire qu’on déploie tous les moyens disponibles, au niveau social et éducatif, pour les résoudre…
Sans pour autant nier les problèmes, on ne négocie pas avec certaines idées ; étonnant, que Munich ne nous ait rien appris ; car, il apparaît maintenant clairement que nos politiques racolent sans vergogne, en s’appuyant sur les plus noirs travers de la condition humaine… Ils sont même réussi le challenge de faire croire qu’on ne peut rien faire contre la misère économique, sociale, culturelle et éducative (d’ailleurs y a plus d’argent pour ça !), que seule la réponse répressive est efficace ; et horreur, même le petit peuple la réclame, maintenant…
Pourvu que personne ne remarque que nos représentants profitent de ce système, sans rien apporter de positif ou de constructif pour les autres ; pourvu que personne n’arrive à distinguer toutes les incohérences mortifères que nos politiques ont mises en place ; pourvu que personne ne s’aperçoive qu’ils sont là depuis 35 ans à diriger ce pays, sans qu’aucun problème n’ait été résolu ; pourvu que personne ne se rende, compte qu’ils ne servent à rien, sauf à se gaver eux-mêmes ; alors, que tous les indicateurs, de notre déchéance sociale et économique, s’enfoncent toujours un peu plus dans le gouffre…
Cette « logique » de maintien des acquis, est une « belle » réussite de toutes les oligarchies qui composent et qui dirigent la France ; elles ont ainsi réussi à mettre au pas et à museler (à la seule exception du Canard Enchaîné qui continue la lutte), même les forces qui devraient combattre ce système.
Lutte des classes, … quelle lutte des classes ? Lutte des places, oui !… Chacun ayant quelque chose à perdre, plus personne n’a de vision globale des problèmes et tout le monde est près à s’asseoir sur ses convictions, à condition qu’on ne vienne pas remettre en cause, ce qu’eux-mêmes ont péniblement (ou pas, pour les nantis de naissance) acquis.
Les faits démontrent (car, faut-il rappeler que la gauche a quand même gouverné la France pendant 15 ans depuis 1981), qu’il n’y a pas de véritable clivage politique gauche/droite, juste un combat, soi-disant idéologique, entre eux pour occuper les places.
C’est comme ça et je ne n’y peux rien ; sauf vous dire et vous montrer, loin du raffut médiatique, ce qui se passe réellement, en démontant pour vous la complexité délibérée des systèmes et en vous informant de ce qu’on vous cache ; ou du moins qu’on ne vous dit jamais en même temps, pour que vous ne puissiez jamais comprendre la logique globale.
Il n’y a pas de hasard à ce que le système démocratique, institutionnel et hiérarchique ait été complexifié à outrance (notamment avec l’Europe) ; ça n’a pas d’autre but que de maintenir les gens dans l’ignorance de l’origine des responsabilités réelles de tous ces états de fait que nous subissons ; ça n’a pas d’autre raison que de permettre aux oligarchies, locales, nationales et internationales, de continuer tranquillement à occuper leur place, sans que personne ne puisse penser que ce sont eux le véritable problème.
On en arrive même à entendre des réflexions totalement absurdes : c’est la crise, mais personne n’est responsable et tout le monde l’est ! Bé, oui, c’est notre faute aussi, si nous préférons acheter des produits chinois pas chers… Du moins, c’est ce que veulent nous faire croire les pouvoirs en place ; un pur aveuglement, un mensonge éhonté, un énorme déni…
Comme si, cette crise arrivait par hasard, comme si depuis 1971, puis 1973, puis 1986, puis 1989, puis 1994, puis 2001, personne n’avait voulu admettre que nous avons déjà changé 6 fois de monde, ni tiré aucune conséquence de ces faits irréversibles !…
Un seul exemple (car, il y en aurait tant d’autres à développer…), en 1973, pendant que les Allemands (bien plus affectés que nous par les chocs pétroliers à cause de leur dépendance énergétique), décidaient de se remettre en cause et de mener à marche forcée une politique volontariste d’investissement et de modernisation de leur appareil industriel, ainsi que de recherche de nouveaux débouchés, nous, au nom de la « libre concurrence » (si chère à Barre), nous laissions des pans entiers de notre industrie (charbonnages, métallurgie, textile, électronique, manufactures, …) s’effondrer, mourir ou partir à l’étranger.
Cette inadaptation au contexte au nom des idéologies est tout simplement criminelle ; ce qui est plus grave, c’est que, depuis cette époque, elle perdure de façon maladive en France, pour tous les problèmes de société que nous devons affronter. Un fou qui ne veut pas voir la réalité est soigné ou enfermé ; un politique dans le même état peut sans problème, avec la complicité des médias et des électeurs, briguer des postes aux élections et même y passer toute sa vie, sans que les citoyens ne relèvent jamais ses incohérences, ou au moins, confrontant les faits et les discours, arrêtent de voter pour lui… C’est vraiment dingue qu’en France la politique soit devenue : « on prend les mêmes et on recommence, avec les mêmes recettes qui ont déjà démontré qu’elles ne fonctionnent pas, qu’elles sont inadaptées ».
Tout se passe comme une psychanalyse impossible parce que le sujet est tellement dans la négation des réalités, il a tellement peur de perdre la place où il est, qu’il n’a plus accès qu’à du non-sens, inadapté à son contexte… et faut-il le dire encore une fois : à gauche comme à droite, c’est pareil, même déni, même refus de voir qu’ils ne vivent plus dans le monde qu’ils ont dans la tête.
N’y a-t-il donc personne, parmi ces politiques, pour comprendre que les valeurs sont plus importantes que les idéologies, pire, que ces dernières sont en train de nous faire crever, en réduisant la politique à un jeu de chaises musicales… Les querelles d’égo à ce titre dans toute la gauche, sont tellement pathétiques et symptomatiques, qu’il parait vraiment évident que ce n’est pas eux qui risquent de changer quoi que ce soit ; d’ailleurs, au vu des défections de personnalités dites de gauche, pour travailler avec Sarkozy (et vice versa sous Mitterrand), on comprend bien que seules les places les intéressent… Si les idéologies de façade n’étaient pas du pipeau, si leur fondement était les valeurs, c’est une évidence, que jamais cela ne pourrait arriver.
Dans ce grand cirque organisé où il semble impossible de modifier l’état d’hypnose et d’abêtissement dans lequel se retrouvent les populations, où les politiques, abonnés à la fuite en avant, apprennent maintenant par cœur les « éléments de langage » donnés par leur direction ou leur staff de « cons-mus-niquants », où les syndicats font semblant de s’outrager des injustices sociales pour continuer à occuper leurs places au chaud, et où les médias ne veulent surtout pas perdre ni fâcher leurs meilleurs clients (car, ils auraient beaucoup à perdre, y compris au niveau de leurs avantages fiscaux), on en arrive à cette aberration : tout le monde finit par se tromper d’ennemi.
Même le petit peuple au lieu de réclamer un peu de justice et de solidarité sociale, d’exiger des politiques des actes, en arrive à demander la répression pour des plus pauvres qu’eux. Oui, ça, c’est vraiment inquiétant et désespérant ; même si à leur décharge l’exemple vient de haut et depuis bien trop longtemps.
Il y a vraiment urgence à redistribuer les cartes à refaire une Nuit du 4 août, sinon, nous en crèverons de nos privilèges ; tous, y compris nos politiques qui ne mesurent même plus l’état de désespérance des citoyens...
Personnellement, je suis prêt à voter pour le premier qui me promettra du « sang et des larmes » partagées par tous les citoyens ; et vous ?