Ouf ! La Grèce était sauvée ! L’Euro était sauvé ! L’Europe était sauvée !... Et il y a quelques jours, même les États-Unis étaient sauvés grâce à l’augmentation de leur plafond de dettes… Les belles fables que voilà, reprises, un temps, en cœur par les grands médias ; même les marchés financiers semblaient ou feignaient d’y croire… Alors champagne et bonus pour les traders ? Bé non, pas champagne, puisque depuis 10 jours, patatras ! Les marchés s’effondrent, tout le monde doute et plus les dirigeants s’obstinent à nous dire que « tout va bien » et plus tout le monde pressent que nous sommes au bord du gouffre…
Pendant ce temps-là, on continue à entendre à peu près tout et surtout n’importe quoi sur ces problèmes.
Alors en vrac, une petite révision pour ceux qui auraient raté les articles précédents…
Rappelons juste que :
- le problème grec est consécutif à des logiques systémiques beaucoup plus profondes et implacables qu'une simple question d'emprunteur qui dépense plus qu'il ne peut rembourser... et nous sommes TOUS à la merci de ce système qui produit ses propres crises, jusqu'à la chute finale qui se profile dans les 6 mois (sauf guerre ultérieure ou autre évènement susceptible de détourner l’attention des marchés)...
- pour tous ces problèmes, la dette des ménages n'est qu'accessoire, ce sont les dettes souveraines qui sont en cause, c'est à dire celles que les États ont contractées pour pouvoir continuer à payer les fonctionnaires, les services publics et les investissements... Depuis 40 ans, nous finançons par l’augmentation de nos dettes et en vendant nos actifs du fonctionnement courant, sans que la croissance ne réussisse à combler nos besoins de rentrées supplémentaires…
- depuis 1971, la monnaie est une marchandise, dont la valeur dépend de l'offre et de la demande, selon des mécanismes spéculatifs totalement arbitraires, irrationnels et pervers : la « main invisible » est une foutaise.
- depuis la dernière guerre, gauche et droite confondue, n'ont eu qu'une seule façon de répondre aux défis successifs qui se sont présentés : toujours plus de politiques keynésiennes. Sauf que ce qui fonctionnait dans un environnement maîtrisé, où ce qui était injecté monétairement avait un effet multiplicateur sur les richesses produites, est devenu le gouffre, sans fond, dans lequel toutes nos économies occidentales s'effondrent dans un environnement mondialisé, où les richesses et la croissance « partent ailleurs », c'est-à-dire essentiellement dans les BRICS ; qui deviennent progressivement les véritables propriétaires des avoirs monétaires, des sources d’approvisionnement de matières premières, et de tout le système économique productif mondial…
- le problème central reste bien celui des Américains, l'hégémonie de leur monnaie et le système de cavalerie monétaire et de « libre-échange » qu'ils ont imposés à tous, pour pouvoir continuer à vivre à crédit.
- non accessoirement, le credo sur le libre-échange mondialisé des marchandises et des capitaux, est la pire escroquerie intellectuelle économique qui ait jamais été formulée. Là aussi, une foutaise qui repose sur le concept de « libre concurrence », en oubliant au passage que pour que le modèle fonctionne, il faut aussi que celui-ci soit « loyal » ; ce qui bien évidemment n'est absolument pas le cas, quand on met en balance le dumping social, fiscal, monétaire, environnemental et même démocratique qui sont à l’origine de la fuite des capitaux et du travail ailleurs…
Bref, les théories économiques, qui semblent guider nos politiques, depuis 40 ans sont totalement à côté de la plaque et n'ont jamais été réévaluées à l'aulne des nouvelles donnes mondiales. La Grèce et d'autres, ne sont que des épiphénomènes d'un système qui est condamné et auquel aucun politique ne veut vraiment s'attaquer, sous peine de remettre en cause 40 ans de persistance dans l'erreur et de diktats américains.
Pendant ce temps là, Madame Lagarde, la pire Ministre de l’Économie (à l’exception de Barre), que nous ayons eue, est nommée directrice du FMI et fait la leçon aux Américains sur leur dette… On croit rêver…
Pendant, ce temps là, Madame Pécresse propose l’aide de la France à la Grèce dans la lutte contre la fraude fiscale, comme si nous étions des spécialistes et qu'il faut en plus deux fonctionnaires français pour un allemand pour recouvrir proportionnellement le même volume d’impôts… On croit rêver…
Pendant ce temps là, Monsieur Sarkozy voudrait faire passer sa « règle d’or » sur les déficits budgétaires, alors qu’il a été le Président qui a le plus creusé la dette publique depuis 40 ans ; et la « crise » contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire n’y est pas pour grand-chose ; c’est intégralement à sa politique fiscale et économique désastreuse que nous devons ce problème… On croit rêver…
Et on croit doublement rêver quand la France et les pays européens à l’unisson se proposent de rendre constitutionnelle cette « règle d’or », alors que tous les états membres l’ont validé depuis Maastricht en 1997 à travers le « pacte de stabilité et de croissance », que personne n’a respecté et qui s’impose déjà sur la Constitution… De la poudre aux yeux, destinée aux marchés financiers et au bon peuple, qui ne trompe personne, sauf ceux qui y croient…
Pendant ce temps-là, l'Afrique et d’autres, y inclus en France, continuent à crever... là, on ne rêve pas…
© Kevin Carter - Prix Pulitzer 2004
Famine dans la Corne de l'Afrique
Insoutenable... L’ONU mendie 0,5 milliard de dollars pour arrêter le massacre, tandis que la Grèce a obtenu 160 milliards d’euros supplémentaires, pour continuer comme avant… Révoltant…
Pourtant, il y en a des vraies solutions... et sans attendre que tout le monde se mette d'accord... Je crains qu'il ne faille que les peuples coupent quelques têtes pour remettre un peu les compteurs à zéro, parce qu'à ce rythme de foutage de gueule et de mépris des populations, je ne vois pas bien ce qu'il nous reste pour qu’ils comprennent que « ça suffit, basta, stop ! ».