Première date de publication : 09/12/2012
Date de la dernière mise à jour : 09/12/2012
Compte tenu que vous avez été gavé d’informations sur le sujet, je pense que vous êtes tous devenus des spécialistes de la « compétitivité »... Mieux, vous êtes maintenant tous prêts à faire les sacrifices qu’on vous demandera pour devenir plus compétitifs ; même si cela devait vous conduire à manger du riz un jour sur deux et à vous faire brider les yeux...
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour se plier aux diktats du « sauvage échangisme » et être plus compétitifs que les Allemands, les Chinois, les Turcs, les Indiens, les Marocains, les Bangladais, les Africains, ... et à, à peu près tous les autres peuples de la terre, à l’exception des pays scandinaves qui, tout en ayant les salaires minimums et médians les plus élevés d’Europe, se foutent vraiment de nous, en ayant en plus des balances commerciales excédentaires et le système de solidarité sociale le plus développé du monde, parmi bien d’autres « bizarreries »...
Mais ne parlons pas des exceptions, ça pourrait jeter le trouble. De toute façon, les comptes-rendus médiatiques sur le rapport Gallois vous l’ont dit et répété, nous ne sommes pas assez compétitifs ! Mais est-ce vraiment ça le problème ?
L’étonnant « glissement » sémantique...
À mon sens, le premier problème, c’est qu’il y a arnaque sur les mots...enfin, le mot...
N’être pas assez compétitif, ça renvoie, au niveau de l’imaginaire, à la responsabilité personnelle des individus ; on pense de suite, surtout, à ces salauds affreux égoïstes anticompétitifs salariés français, qui ont besoin au minimum de dix fois plus d’argent pour vivre qu’un Chinois ou 80 % de plus qu’un Espagnol... et qui en plus, parmi tant d’autres exigences folles, veulent que les entreprises payent pour la solidarité nationale... Bref, ça développe un imaginaire de « combattant », où les individus se sentent coupables de vouloir être mieux payés qu’un Chinois, ainsi que de ne pas arriver à faire aussi bien que les autres.
Mais en réalité, la compétitivité, c’est un sac fourre-tout qui peut contenir aussi bien la productivité, que la rentabilité, ou les coûts, ou l’excellence du management, et tout autant, n’importe quel autre critère de benchmarking qui s’attache à comparer les performances dans différents domaines, selon des références prédéfinies. Aussi, le mot même de « compétitivité » ne veut rien dire tout seul, si on ne lui adjoint pas des adjectifs ou les domaines sur lesquels il est censé s’appliquer. En parler comme d’un problème global, c’est déjà noyer le poisson pour éviter d’utiliser les bons mots ; car, arrêtons ce suspens insoutenable et venons-en au fait : les industries et les entreprises se barrent surtout parce qu’elles font plus de profit ailleurs, et c’est tout ; pas parce qu’on ne serait pas assez « compétitif ».
Vous remarquerez, que si on parlait de rentabilité ou de profitabilité comparative des entreprises, tout à coup, le débat serait tout autre. On finirait par se demander, comment ça se fait, que les actionnaires, les grands patrons, les financiers trouvent que les salariés français ne rapportent pas assez d’argent ; alors même qu’ils ont les taux de productivité, parmi les plus élevés au monde, comme le confirment régulièrement les études statistiques. Y aurait-il comme un défaut au niveau du management, pour qu’aucun patron ne soit en mesure « d’exploiter » cette manne ? Et n’y aurait-il pas une arnaque politique, relayée par les médias aux ordres, pour déplacer les problèmes et nous distraire des vraies questions, notamment celles qui concernent la responsabilité de ces mêmes politiques ? Entre autres, d’avoir accepté et promu un système d’échanges international, ainsi qu’institutionnel (pour nos propres structures, mais également celles de l’Europe), qui nous mettent, de facto, dans cette situation insoutenable...
En tout état de cause, ça n’est pas pareil de dire « l’industrie française n’est pas compétitive », ou « la rentabilité des entreprises est meilleure ailleurs »... J’espère que vous saisissez la nuance (de taille) parce que, non seulement ça ne renvoie pas aux mêmes responsabilités, aux mêmes problèmes et aux mêmes choix, mais surtout ça ne se traite pas du tout de la même façon...
Pour faire simple et grossier :
- si on n’est pas assez compétitif, c’est qu’on est trop con pour faire aussi bien que les autres... Et alors, tous les efforts doivent porter sur le développement de l’intelligence et des savoirs.... surtout des managers et des politiques d’ailleurs...
- mais si, à productivité égale (ou supérieure dans le cas de la France), c’est un problème de rentabilité des entreprises, alors les leviers de changement se situent essentiellement aux niveaux structurels et monétaires, ainsi que dans la façon dont un pays laisse son marché accessible à tous ceux qui ne respectent pas les mêmes règles que lui et même aux prédateurs (comme un Mittal)...
On voit bien que dans un cas ou dans l’autre, les leviers d’intervention sont très différents. Il ne sert à rien d’avoir de la productivité sans rentabilité, alors qu’on peut être très con et très improductif en ayant beaucoup de rentabilité...
Le « débat », en parlant de compétitivité, est donc a priori mal posé, parce que c’est de rentabilité des entreprises dont il s’agit et pas du tout de compétitivité... ou alors, il faut définir de quelle compétitivité on parle, et dans ce cas ce mot ne sert plus à rien... sauf, si on veut embrouiller les gens en ne parlant pas des vrais problèmes.
Alors, c’est quoi les problèmes ?
Que nous dit le rapport Gallois ? D’un point de vue factuel, c’est un des meilleurs rapports que j’ai lu sur le sujet depuis longtemps... Aucun doute, les constats, même historiques, sont justes, et contestés par à peu près personne. Il distingue bien les différents problèmes, tout en passant sous silence quelques gros morceaux, sur lesquels je reviendrai. Je ne vous ferai pas une analyse point par point, vous en avez assez eu et en trouverez partout, ou « humoristiquement » ici sur les 22 propositions. Par contre, voyons ce qu’impliquent globalement ses propositions.
À l’évidence, son modèle à tous points de vue, c’est l’Allemagne ; et toutes ses solutions sont destinées à nous rendre aussi « bons » qu’eux, notamment au niveau collaboratif et sur la montée en gamme de l’industrie. On remarquera, au passage, que monsieur Gallois remet, à minima et au gout du jour, une partie des lois Auroux sur la « cogestion » des salariés qui avait été abandonnée en rase campagne par Mitterrand en 82. Trente ans après, je suis curieux de voir ce que le PS va en faire...
Mais le plus gros « souci » provient de la logique globale des propositions : quel est l’intérêt de faire tout ce qu’il faut pour se mettre en concurrence frontale avec l’Allemagne ?... Où vont s’arrêter l’escalade et la compétition ? 1870, 14-18 et 39-45 n’ont pas suffi ? Il faudrait en plus qu’économiquement, on se mette à fabriquer, entre autres, des super-Mercedes pour leur piquer le marché du haut de gamme...
C’est absurde... et surtout sans fin, parce que ça ne règle en rien le fait qu’il y aura toujours un pays pour faire mieux, moins cher, plus rapidement, répondant mieux aux attentes des marchés, rapportant plus d’argent aux actionnaires, et cetera, et cetera... C'est-à-dire qu’on accepte, de fait, de poursuivre cette politique mortifère de concurrence et de compétition internationale, pour être « meilleur que les autres ».
Mais qui a dit et décrété, que le monde et notre pays ont besoin de cette « excellence-là » ? Et pourquoi devrions-nous être plus « compétitifs » que les autres pour avoir le droit de travailler et de vivre de notre travail ? C’est dingue ça... Faudrait-il que tous ceux qui produisent plus cher parce qu’ils respectent nos lois, sociales, fiscales, environnementales, se pendent ?... Comme continuent à le faire régulièrement certains paysans, parce que même sous perfusion financière, ils n’y arrivent plus ; alors que près d’un milliard d’humains souffrent de sous-alimentation ou crèvent de faim.... et que nos « restos du cœur » ne désemplissent pas...
Plus généralement, dans ce rapport, on comprend que les « solutions », c’est d’atteindre l’excellence et de laisser crever le reste, ou du moins qu’il n’y aura pas de solutions pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas être les meilleurs. Une drôle de vision de notre avenir ; totalement à contre-courant de ce que l’on sait des cycles économiques, qui nous démontrent très bien qu’une activité non rentable aujourd’hui peut le redevenir très vite, notamment à cause de notre environnement spéculatif (ce qu’avaient très bien compris les Allemands dans les années 70 qui ont mis le paquet pour préserver, protéger, moderniser leurs industries et chercher de nouveaux débouchés ; tandis qu’en France on laissait crever des pans entiers de nos industries textiles, manufacturières, charbonnages, et cetera...)... sauf si, entretemps, on perd les savoir-faire, et dans ce cas, on ne rebondira jamais. Mais ne cherchez pas, il n’y a rien de rien dans ce rapport, pour notre économie si peu rentable par rapport au reste du monde, même la fiscalisation partielle des prélèvements sociaux est une goutte d’eau par rapport à ce qu’il faudrait faire...
On abandonne, également, en rase campagne toute velléité de mettre en place une économie durable orientée sur l’autosuffisance, la relocalisation économique, et d’imposer, enfin, des échanges régulés... Mais, ne nous étendons pas, Jean GADREY explicite et développe tout ça beaucoup mieux que moi.
Les « étranges » silences du rapport Gallois...
Ce qui est intéressant, dans ce rapport, c’est qu’il n’y a pas un mot sur la responsabilité des managers français, des financiers, des investisseurs, et des politiques... On voit bien que monsieur Gallois n’a voulu fâcher personne issu de sa propre caste... Ou encore, que c’est une démonstration évidente (pour ceux qui me suivent), qu’aucun système ne peut se réformer lui-même...
À la trappe donc :
- la responsabilité des managers (pas tous bien sûr, mais beaucoup) ; leur démission, leur gestion à court terme, leur rapacité personnelle, leur objectif unique de faire plaisir aux actionnaires, ainsi que leur absence totale d’intérêt pour le social et pour maintenir en France les activités... Et je n’évoquerai même pas leur suffisance, leur mépris, leur autisme (ça n’est pas une vision de l’esprit, pour illustrer mon propos, ce que disait un polytechnicien en 2007, professeur associé à HEC et membre du Conseil d’Analyse Economique, à propos de ceux qui parlaient déjà de la crise ; ça fait peur parce que c’est ces gens-là qui nous dirigent), ... bref leur connerie intrinsèque, et croyez-moi, je les ai connus de près...
Depuis 40 ans, tous les étudiants, qui sont sortis des grandes écoles, qui ont dirigé des entreprises françaises, ont tous fonctionné sur le même modèle d’externalisation et de délocalisation des activités. Même des entreprises industrielles familiales, comme « Cristal d’Arques » qui fabriquait également sa papeterie, tant elle avait intégré dans ses process tous ses besoins, a commencé à externaliser dès que la direction a été reprise par les enfants qui sortaient de grandes écoles. Après 30 ans de prospérité, vraiment ce fut une « réussite totale »... Depuis les plans sociaux se multiplient, une partie de la production et des technologies uniques sont parties ailleurs, et il faut même rappeler des maîtres verriers à la retraite tant les savoirs se sont perdus, tandis que l’entreprise perd apparemment de l’argent. C’est ça qu’on apprend dans les écoles des « élites » françaises ; à se foutre totalement des acquis et à se comporter comme n’importe quel businessman rapace, à l’Anglo-saxonne, ce qui n’est pas du tout notre culture.
Il faut que le patronat arrête de vouloir gérer les entreprises françaises à la façon de Nike, et tant d’autres modèles anglo-saxons qui ont fait florès dans nos écoles... Et si monsieur Gallois avait bien voulu comparer ce point avec la culture managériale allemande et bien d’autres (dont la japonaise qui fonctionne très bien chez nous), il se serait rendu compte que la défense des intérêts nationaux, le respect des salariés, la cohésion sociale, la vision à long terme, la cohérence et tout simplement le bon sens, sans même parler de moralité, sont aussi des matières qui peuvent s’apprendre...
Quand je repense au « caca nerveux » que madame Parisot nous a fait à la simple évocation du mot « nationalisation » pour Florange, par désespoir, j’ai envie d’adhérer à Lutte Ouvrière (c’est vous dire l’effet que cette représentante du patronat produit sur moi, un ex-patron )... En tout état de cause, ça en dit long sur l’état idéologique patronal français, comme si le fait que l’Etat intervienne, quand une direction et/ou des actionnaires sont défaillants, était un crime. L’idéologie déconnectée des réalités culturelles françaises et des besoins du plus grands nombre, c’est vraiment le cancer et la honte du patronat français, qui malheureusement, fait supporter sa maladie aux autres... et je suis vraiment inquiet qu’aucune mesure n’ait été prévue pour que ce patronat-là évolue... On n’est pas près de voir en France un « droit des responsables »...
- la responsabilité des investisseurs et des financiers, français et étrangers, avec leurs comportements de prédateurs, qui ont pillé et dépecé les plus beaux fleurons industriels français, pour qu’une fois les coquilles vidées, ils puissent rentabiliser et faire prospérer ailleurs les savoir-faire, les technologies et la clientèle récupérés... Mais là-aussi, rien du tout là-dessus, comme si ça n’existait pas, comme si on ne pouvait rien y faire, comme si c’était normal et dans l’ordre des choses... C’est ce qu’a commencé à nous dire et à mettre en place le tandem infernal VGE/Barre dès les années 70, jusqu’à Jospin et sa fameuse phrase : « l’État ne peut pas tout »... et force est de constater qu’il n’y a toujours aucune volonté politique pour changer et règlementer ces comportements de prédateur, extrêmement bien rentabilisés par toux ceux qui ont compris quels bénéfices faramineux, ils pouvaient tirer du libre échange des capitaux et des marchandises, ainsi que de la concurrence des misères... totalement légaux faut-il le rappeler...
Jusqu’aux années 80, quand un investissement rapportait 1 à 5 points au-dessus du taux de l’inflation, on estimait que le rendement était correct et même très bon dans le dernier cas ; puis sont arrivés les fonds de pension et autres prédateurs internationaux qui se sont mis à exiger des rendements à deux chiffres (toujours au-dessus de l’inflation) et la curée s’est amplifiée, institutionnalisée et généralisée... On a oublié en chemin quelques fondements de notre droit : « nul ne peut s’enrichir sans cause », « l’acte anormal de gestion », ou encore parmi tant d’autres « l’abus de biens sociaux » ou « l’usure » ; au point que je me demande souvent à quoi cela m’a servi d’aller à l’école et d’apprendre des tombereaux de lois qui ne sont jamais appliquées, sauf pour les petits, bien sûr...
Quand on analyse comment ces « investisseurs » ont agi, c’est une gageure d’expliquer comment c’est possible qu’il n’y ait pas eu plus d’inculpations, pour ne pas dire aucune... mais c’est vrai que le « crime économique » n’est pas encore reconnu ni par la loi, ni par nos jurisprudences... et que ce n’est toujours pas avec monsieur Gallois qu’il le sera...
« Les assassinats sur la grande route me semblent des actes de charité comparativement à certaines combinaisons financières. » écrivait Honoré de Balzac ; je me demande ce qu’il dirait aujourd’hui, où les « combinaisons financières » sont légales, même quand elles tuent en masse...
- la responsabilité des politiques ; ils sont tout en haut de la pyramide des coupables, avec leur obstination à faire toujours plus de la même chose, à ne rien vouloir voir ni apprendre des faits, à refuser d’admettre que ce que nous vivons n’est que la conséquence de leurs actes et de leurs renoncements... Sans oublier leur complicité et leur collusion avec les deux premières catégories citées, dont ils sont les tributaires et les obligés (et souvent les « amis ») ; mais c’est normal puisque s’ils n’avaient pas fait de la politique, ils auraient fait partie de ces mêmes « responsables » économiques.
C’est étonnant, que ce que tous les gouvernements ont su faire pour préserver l’industrie de l’armement ou de l’aéronautique (dont les balances commerciales sont excédentaires), ils n’aient jamais eu envie de le mettre en œuvre pour le reste des industries.... comme quoi, quand on veut, on peut... Mais justement, le problème c’est qu’ils ne veulent pas, sinon, ils seraient obligés d’admettre que depuis 40 ans, ils ont fait n’importe quoi (et ça continue). Mais ne nous étendons pas, puisque, j’y ai déjà consacré un article entier : « Double contrainte »: 40 ans d’accords internationaux et de lois, qui rendent fou...
Bref, ce n’est pas dans le rapport Gallois qu’on risquait de voir ces questions abordées... mais, terminons avec un autre grand absent de ce rapport.
Le « modèle » allemand jusqu’au bout ?
Marie Caroline Porteu m’a fait découvrir un rapport de la Cours des comptes (de mars 2011 !), portant sur « Les prélèvements fiscaux et sociaux en France et en Allemagne ». Elle en a fait un excellent article, dont je partage toutes les observations, à l’exception de celle concernant le cas Florange.
Ce rapport m’avait totalement échappé ; et apparemment, il a totalement échappé également à monsieur Gallois ; au point qu’on peut même se demander, s’il n’y pas eu une volonté délibérée de manipulation de l’opinion, parce qu’il y a déjà tout et même plus dans ce rapport de la CC ; sauf ce qui aurait pu expliquer et cautionner les revirements de monsieur Hollande, notamment par rapport à la TVA. Il avait bien besoin qu’un tiers tire la sonnette d’alarme (très en retard comparativement à celui de la CC) et assume à sa place le fait qu’il faille manger son chapeau et revenir sur ses promesses de campagne... Mais passons...
C’est en lisant ce rapport (ou directement les conclusions pour les fainéants comme moi) qu’on se rend compte que les vrais problèmes sont bien ceux de la rentabilité des entreprises et de la responsabilisation des managers, mais tout également et par-dessus tout d’une divergence de fond sur la « logique » fiscale, notamment pour la taxation des patrimoines (0,85 % du PIB contre 3,41 % en France, et c’est énorme pour les patrimoines : 2 fois la moyenne des pays de l’OCDE).
Si monsieur Gallois avait bien voulu prendre la peine de lire ce rapport, il aurait compris ce que c’est qu’un pays dont la fiscalité et le système social, sont tout entier destinés à soutenir et à récompenser ceux qui réussissent, salariés et investisseurs inclus,... dans leur propre pays... De même, il aurait compris que le système fiscal allemand prend l’argent quand il y en a, pas sur les entreprises qui ont des difficultés et/ou de manière automatique sur des assiettes qui ne représentent aucune plus-value dans les entreprises et même pour les particuliers... Une vraie illustration de ce qu’est une realpolitik (dont ce pays est l’inventeur) appliquée à la fiscalité et au social, pour soutenir ses entreprises.
Nous avons les moyens de faire aussi bien et même beaucoup mieux, notamment avec la fiscalisation intégrale des prélèvements sociaux... Problème, on se heurte là, à des blocages « idéologiques » qui semblent indépassables en France, tant il faudrait être en capacité de remettre en cause toutes les structures qui ne servent à rien, sauf à perpétuer des petits potentats qui permettent à ceux qui les dirigent de manger... en s’asseyant sans vergogne sur l’intérêt général...
Juste un chiffre (parmi tant d’autres) pour frapper les imaginations, le coût structurel annuel des organismes de recouvrements sociaux, c’est 40 milliards d’€, soit 3 fois le déficit actuel de la sécurité sociale. Le coût structurel annuel d’une ligne de perception en plus sur la déclaration de TVA, c’est 0 € ! Étonnant non ?
Alors que monsieur Gallois nous propose une énième usine à gaz pour transférer 30 milliards de cotisations sociales sur la fiscalité, je lui propose de faire d’un seul coût 40 milliards d’économies en supprimant toutes les usines à gaz, sans alourdir la fiscalité et même avec un gain de pouvoir d’achat pour les salariés... sans oublier tous les autres avantages de ce transfert intégral, détaillés dans l’article ci-avant proposé.
Mais faut pas rêver... C’est ça qui est « extraordinaire » en France, au lieu d’aller jusqu’au bout des constats et d’en tirer les conséquences qui s’imposent, on tergiverse, on aménage, on replâtre, on crée la énième usine à gaz pour pallier aux déficiences des structures existantes, mais jamais, jamais, on ne les remet en cause, même si elles ont démontré leur inadaptation au contexte et aux problèmes, quand elles ne sont pas elles-mêmes le problème. Cependant, on connaît le phénomène : plus le système est occulte et complexe, plus la « démocratie » devient une affaire de spécialistes qui rendent indispensables ceux-là mêmes qui ont créé le système... et plus nous payons pour ces inutiles incapables, qui, depuis 40 ans, auraient au moins pu avoir l’honnêteté de s’avouer qu’ils sont trop cons pour gérer et diriger la France... Qui leur fera prendre conscience de cela ? Pas monsieur Gallois assurément...
En guise de conclusion provisoire, jusqu’à la prochaine arnaque...
Oui, jusqu’à la prochaine, parce que je ne peux pas voir dans ce rapport Gallois autre chose qu’une volonté délibérée de manipuler l’opinion publique, pour lui faire accepter que les promesses de campagne ne seront pas tenues et qu’il va falloir se serrer la vis... Et au rythme où s’enchainent ces « rapports », on va vite comprendre que le changement, c’est jamais ; à l’image du torchon de Jospin qui est un camouflet de plus pour notre « démocratie », du moins pour ce qu'il en reste... Mais ne comptez pas sur moi pour commenter à chaque fois ce genre de manipulation, je n’en peux plus de ces inutiles incapables... et je ne sais même pas si j’irai voter aux prochaines élections nationales, ou alors pour LO... je ne vois plus que ça, pour faire bouger les lignes : voter aux extrêmes... Si tous ceux qui n’en peuvent plus, réagissent comme ma colère me conduirait à le faire en rajoutant leur désespoir, Marine Le Pen s’en réjouit d’avance... Mais peut-être qu’inconsciemment ou très consciemment, c’est ça « qu’ils » veulent...
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » disait Jean Jaurès... Mais aujourd’hui ce serait plutôt « Quand les politiques veulent continuer à faire toujours plus de la même chose, en enfumant les citoyens, ils changent les mots », c’est la seule grande leçon de tout ce battage médiatique autour de la « compétitivité »... pendant que Florange et beaucoup d’autres continueront à crever...